Un déjeuner d’été dans une ville désertée et silencieuse. Une chance d’être transportée dans l’univers de l’Arpège, le restaurant d’Alain Passard triplement étoilé depuis plus de quinze ans, mondialement connu pour ses créations principalement végétales (le chef ayant renoncé à jamais à cuisiner la viande rouge).
Lors de ce repas composé de dix sept plats (menu changeant quotidiennement), les couleurs chatoyantes des précieux légumes cultivés sans produits chimiques dans ses potagers ont défilé sous nos yeux ébaubis, car le chef a l’air d’esquisser pour passion l’art de la composition visuelle, chaque assiette étant une peinture miniature. Mais pas seulement. Passard recherche, va toujours plus loin dans ses expérimentations, usant une parfaite technicité (maîtrise soufflante de la cuisson et plus particulièrement de la rôtisserie), il travaille ses légumes dans toutes les directions possibles, testant dans ses potagers- laboratoires de nouvelles variétés, leur donnant le faste qu’ils n’ont jamais eu, souvent même avec humour et facétie (comment transformer des navets, carottes et une simple semoule en un plat ultra facetté et sophistiqué? réponse: légumes des jardins en robe des champs multicolore Arlequin).
Le repas fut assez inégal, alternant le magistral (sublimes ravioles fleuries aux herbes et légumes, homard et poule à la cuisson si rarement juste, étonnante tarte aux pommes bouton de rose où chaque bouchée est unique car confectionnée avec une pomme différente) et le tout simple un peu décevant (partiellement justifié car comme « les jardins furent généreux ce matin », dixit le chef lui-même, des plats improvisés et assez élémentaires en sus nous ont été servis).
Un Condrieu pimpant et fruité (« Le Riollement » 2007) servi par l’élégant et communicatif sommelier Gaylord Robert, peu de gens en salle, beaucoup de générosité, des jardins magnanimes, tout le temps du monde.
Moment très plaisant jusqu’à ce que la douloureuse arrive. Tout ce luxe a un prix, d’ailleurs l’un des plus élevé de la gastronomie française ce qui fait souvent grincer des dents certains hôtes et critiques de bouche, car finalement il ne serait question que de légumes et pas de caviar. L’addition fait l’effet d’un coup de schlag, alors qu’on est encore tout attendri par les mets et anesthésié des contingences du monde. Mis à part ce réveil violent, rien n’est regret, bien au contraire. A vous de juger en somme si cela en « vaut » la peine…
- Adresse:
- L’Arpège 84, Rue de Varenne – 75007 Paris, 1 47 05 09 06
- http://www.alain-passard.com/
Être une papille appartenant à la langue de Fanny!
Namaste!
Ca donne l’eau à la bouche 🙂
Une véritable torture pour l’estomac… Bravo pour ces magnifiques photos !